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    RADIO ZOUK EMOTION Le Meilleur du Son Tropical

Music

Le Zouk : chronique d’un hybride musical par une férue du genre…

today21/10/2021 47

Arrière-plan
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Suite au récent décès en Juillet dernier de Jacob F. Desvarieux du groupe Kassav’, Nelly Chevaillier, passionnée de musique, a ouvert pour le magazine Vogue, les portes du Zouk, un genre musical riche, avec des témoignages et playlists à l’appui…

“Mon premier contact avec le zouk remonte à mes 5 ans, avec les compilations dansantes made in France “100% tubes de l’été” des années 1980-90. La plupart portaient sur les vacances, le soleil, les cocotiers et une certaine exotisation décomplexée (Mélissa de Julien ClercAfrica de Rose LaurensSaga Africa de Yannick Noah). C’est par ces chemins pour le moins détournés que j’ai découvert deux morceaux de zouk : Wép de Kassav’ et Fruit de la Passion de Francky Vincent. À l’époque, ils se retrouvaient souvent étiquetés “musique du monde”, terme qui ne veut pas dire grand chose, et surtout rien de leur origine antillaise.

Ce style n’est plus associé à la culture du ghetto, et il a désormais une image de grande liberté, et pris sa place pour longtemps encore dans les meilleurs dressings de la planète. Il s’impose dans la vie des gens, sans distinction de genre, d’âge, de race ou d’appartenance sociale et professionnelle, avec des Business Models, qui sont en train de se multiplier dans la majorité des mégalopoles mondiales, où des jeunes sont disposés à acheter du “sweat à capuche”…

Il y avait aussi les étés à Abidjan, où la musique était omniprésente : en terrasse d’un “maquis” (petit restaurant, Ndlr), à la radio dans les taxis, en passant par les quartiers noctambules, par la rue Princesse… On entendait surtout du zouglou, du coupé-décalé un peu plus tard, du soukouss, de la rumba congolaise et plus largement des tubes produits au Congo. Beaucoup de zouk aussi.

L’idée de cette connexion intime qui dépasse la distance géographique entre l’Afrique et les Caraïbes me touche particulièrement. J’ai appris récemment que l’influence du zouk s’étend encore plus loin : au Cap Vert, qui a sa propre variante, le cabo, et en Angola, avec la kizomba. Cette porosité entre différentes cultures, même éloignées, exprime l’essence même du zouk, car à mes yeux il est avant tout une synthèse expérimentale entre de nombreux genres.

C’est probablement cette idée d’hybride que Kassav’ a introduite en 1979 avec le zouk. Hybridation entre tradition et modernité tardive, mais aussi hybridation culturelle : quand on l’écoute, on entend Haïti (la compa), Cuba (la salsa, la rumba) et la République dominicaine (le merengue). On entend largement le Congo (l’autre rumba, le soukouss). On entend aussi l’Amérique du Nord (le disco, le groove, la funk, la synthpop ou encore le r’n’b – ce dernier ayant largement pris le pas à la fin des années 1990.) Quand on parle de Kassav’ et d’hybridation culturelle, comment ne pas penser à la notion de “créolisation” introduite par l’écrivain martiniquais Édouard Glissant, c’est-à-dire l’idée d’un contact entre plusieurs cultures qui génère quelque chose d’entièrement nouveau ?

Mais il ne faut pas seulement écouter le zouk, il faut le danser. C’est ce que nous avons été nombreuses à faire, lorsque nous avons appris, au beau milieu de l’été, que Jacob F. Desvarieux, le fondateur emblématique du groupe Kassav’, nous avait quittés. Car c’est sans aucun doute ce que Desvarieux a suscité de mieux avec le zouk : soulever les cœurs et les corps sur un dancefloor.

Aujourd’hui, je réunis des personnes amatrices de zouk, pour le faire redécouvrir de manière sensible, à travers leurs morceaux préférés, leurs regards singuliers, et pour beaucoup à travers le lien intime, souvent familial, qu’ils entretiennent avec cette musique caribéenne française. Amateurs en tous genres – qu’ils soient musiciens, artistes, diggers, restaurateurs, designers ou stylistes –, ils témoignent de la puissance, mais aussi de la délicatesse qui émane de ce genre musical souvent mal appréhendé

Crystallmess, artiste, compositrice, DJ

“Le zouk est assez unique et inimitable. J’aime que ce soit un genre qui porte la promesse d’une musique créole à la fois populaire et futuriste. Il représente aussi un langage amoureux singulier avec lequel je n’étais pas très à l’aise quand j’étais plus jeune. Je pense qu’il y avait beaucoup de vulnérabilité chez les chanteurs et chanteuses de zouk, et que ce n’est que maintenant, à l’âge adulte, que je comprends entièrement les sentiments évoqués et l’intensité de cette musique.”
  1. Fanm Fo (Fort de Femme) (1997), Léa Galva, Danielle René-Corail & Valérie Odina. “Un classique rétro aux paroles féministes. Ce qui m’a aussi séduite, c’est la guitare électrique qui, certes, est une signature dans le zouk rétro mais qui, dans cette chanson, prend des accents quasi-Black Sabbath avec les drums zouk. On ressent particulièrement l’influence de Jacob Desvarieux, qu’on appelait d’ailleurs “Monsieur Rock”. C’est une chanson que j’ai l’impression d’avoir entendue toute ma vie et qui m’accompagne encore aujourd’hui.”
  2. Je sais (2003), Princess Lover & Perle Lama. “C’est aussi un hymne du zouk love et surtout un duo au sommet. Pour moi, cette chanson symbolise un certain tournant dans le zouk, une nouvelle vague. J’adore le changement de tonalité au milieu, son ambiance douce-amère.”
  3. Sa ki Ta La (1986), Jocelyne Béroard (Kassav’).

Stephy Galvani, styliste, directrice de création

“Ma famille est d’origine guadeloupéenne et adorait faire la fête, je me souviens de soirées chez ma tante dans les années 1990. C’était noir de monde, ils poussaient tous les meubles et ça finissait avec au moins 80 personnes en transpiration dans son salon à danser collé-serré ! Le contraste entre les rythmes dansants, les mélodies langoureuses et les paroles souvent dramatiques est assez particulier au zouk. Ce sont des chansons pour danser en buvant du champagne avec le cœur brisé.”

La mini-playlist de Stephy

  1. Tu me manques (1993), Harry Diboula,
  2. Lé ou lov (1990), Jean-Michel Rotin. “Le Michael Jackson du zouk.”
  3. Zouk la sé sèl médikaman nou ni(1984), Jacob F. Desvarieux & Georges Decimus (Kassav’). “C’est cette chanson qui a baptisé le zouk et qui lui a donné son nom ! C’est aussi la première chanson sur laquelle j’ai appris le créole à mon chéri doudou. Aujourd’hui, il comprend toutes les chansons tout seul.”

Nelly Chevaillier pour Vogue (extrait)

Française d’origine franco-ivoirienne, Nelly Chevaillier a grandi dans plusieurs villes du continent africain pour finalement s’installer à Paris, où elle exprime tout son potentiel artistique et esthétique. Elle travaille dans le milieu de la mode et s’adonne à sa passion pour la musique, avec des goûts très larges qui comprennent entre autres le psych, la prog, le jazz, le garage, le r’n’b, la variété française, le punk et le rap.

Écrit par: Pierre

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